Préparation et célébration du baptême selon les âges

09 mai 2018

Dispositions générales

Premier des sacrements de l’initiation chrétienne, le baptême marque à la fois l’attachement personnel à Jésus Christ et l’incorporation à l’Église du Christ[1]. Le nouveau baptisé devient un fidèle du Christ. La célébration du baptême doit donc être publique et concerner directement la communauté (notamment la communauté paroissiale) ; la tradition chrétienne affirme en effet que non seulement la personne reçoit le baptême, mais que c’est l’Église elle-même qui se nourrit des sacrements. Au jour de son baptême, le fidèle reçoit un prénom. C’est très largement le prénom reçu à la naissance qui, dans la pratique, sera retenu comme prénom du baptême ; le choix du prénom doit toutefois être éclairé par le principe canonique suivant : veiller « à ce que ne soit pas donné de prénom étranger au sens chrétien. » [2] L’interprétation des évêques de France est la suivante : « La Tradition nous invite [...] à favoriser le choix d’un prénom chrétien sans exclure la possibilité d’un prénom ‘local’, du moment qu’il n’est pas contraire au sentiment chrétien. »[3] En règle générale, le baptême doit être célébré dans l’église paroissiale de l’intéressé.

Le c. 873 précise que si l’on veut donner un parrain et/ou une marraine au futur baptisé[4], « seront admis un seul parrain ou une seule marraine ou bien aussi un parrain et une marraine. » Sauf autre disposition de l’évêque diocésain, et éventuellement au jugement du curé ou du ministre du baptême, le parrain doit avoir seize ans accomplis, être lui-même initié à la foi catholique[5], et ne doit être ni le père ni la mère du futur baptisé.[6] Enfin, comme tous les sacrements de l’Église, le baptême n’est pas d'abord un droit de la personne, mais une grâce donnée par Dieu. Dispositions pour les adultes Le baptême des adultes demeure le modèle typique de la démarche baptismale, comme le rappellent les Orientations diocésaines en vigueur, conformément à la tradition : « La célébration qui donne la pleine compréhension du sacrement est le baptême des adultes. » [7] Sitôt son entrée en catéchuménat, l’adulte de dix-huit ans est uni à l’Église, dont il devient dès lors, avec son statut particulier de catéchumène, sujet de certains droit et de certaines obligations [8].

Le baptême à l’âge adulte n’est pas déconnecté des deux autres sacrements de l’initiation chrétienne, à savoir la confirmation et l’eucharistie. Le c. 866, concernant l’initiation chrétienne des adultes, dispose que « sauf si une raison grave fait obstacle, l’adulte qui est baptisé sera confirmé immédiatement après le baptême et participera à la célébration eucharistique en y recevant aussi la communion », normalement sous les deux espèces. Sur cette question cependant, il convient toujours de se conformer à la discipline du diocèse : pour la grande tradition de l'Église le baptême relève éminemment de l'évêque. Les parrains [9] ont pour mission d’accompagner les catéchumènes au long de leur initiation. Le choix du parrain revient en premier lieu au futur baptisé, à défaut au ministre. Le droit n’interdit pas que le parrain puisse être l’époux ; mais une recommandation de bon sens s’impose toutefois en pareille circonstance : considérant la fragilité actuelle du couple et de la famille, il serait prudent, si le conjoint est choisi comme parrain ou marraine, de proposer aussi un parrain ou une marraine autre.

Dispositions particulières pour les mineurs, en particulier les tout-petits

Les dispositions particulières ci-dessous sont à comprendre en plus des dispositions générales. En droit français, il est nécessaire que la demande de baptême d’un mineur soit signée par ceux qui sont investis de l’autorité parentale : si cette autorité est exercée conjointement[10], par les deux parents ou tenants lieu. Concrètement, on doit recueillir la preuve matérielle de l’accord parental, donc la signature, des deux parents. Il faut pouvoir au minimum prouver qu’il n’y a pas opposition au baptême de la part de l’un ou l’autre parent[11]. L’Église catholique est spécialement exigeante sur deux conditions requises pour que la demande de baptême d’un tout-petit soit recevable :

  • Les parents doivent être convenablement préparés [12] ;

  • Il faut que soit établie une forte présomption que le petit enfant reçoive ultérieurement une éducation catholique ; sinon, le baptême doit être différé[13]. Concrètement, tel est le cas lorsque des frères et sœurs aînés ont été baptisés mais n’ont pas été catéchisés : « Faire le choix du baptême, c’est en même temps faire le choix de la catéchèse. Ce n’est pas facultatif. » [14].

Les parrains ont pour mission d’aider les parents dans l’éducation, en particulier dans l’éducation chrétienne, de leurs filleuls. Cette mission est clairement mise en valeur dans le rituel. Cependant, en droit civil français, une telle mission constitue strictement un devoir moral et non une obligation de droit. Le choix du parrain revient en premier lieu au futur baptisé, (à partir de sept ans), à ceux qui exercent la puissance parentale (en-dessous de l’âge de sept ans), à défaut au ministre. La préparation du baptême des tout-petits s'effectue dans la paroisse de résidence des parents [15].

Dispositions particulières pour les cas de nécessité

Le c. 861, § 2, dispose que « dans le cas de nécessité, toute personne agissant avec l’intention requise » peut conférer licitement le baptême. Le « cas de nécessité » dont il s’agit n’est toutefois pas laissé à une appréciation purement subjective : il s’agit très précisément du danger de mort imminente [16]. Un tel baptême doit être consigné au plus vite dans le registre du lieu (en principe, le registre de la paroisse dans laquelle le baptême a été conféré).    

P. Hugues Guinot

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Notes

[1] Cf. c. 96 des normes générales.

[2] C. 855.

[3] Directoire canonique et pastoral pour les actes administratifs des sacrements, Recloses, Paroi-Services, 1994, p. 258.

[4] Cf. c. 872.

[5] Pour l’Église catholique, être initié signifie avoir reçu les trois sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation, eucharistie. En France, du fait des circonstances, il y a fréquemment un relâchement de la règle, des baptisés non confirmés étant admis comme parrains ; sur ce point, il convient de se conformer au droit diocésain.

[6] Cf. c. 874, § 1.

[7] « La pastorale du baptême des petits enfants. Orientations diocésaines », in Église dans l’Yonne n° 12, 18 juin 1994, p. 237.

[8] Il n’est pas possible de détailler ici les droits et obligations des catéchumènes ; cela pourra faire l’objet d’un document ultérieur.

[9] Entendre : parrains et marraines.

[10] S’en référer au droit civil français en la matière.

[11] Les dispositions spécifiques du droit français en matière de baptême et de choix de la religion du mineur seront traitées dans une ou plusieurs publications ultérieures. [12] « La pastorale du baptême des petits enfants. Orientations diocésaines », op. cit., p. 240 ; cf. c. 851, 2°.

[13] Cf. c. 868, § 1, 2°.

[14] « La pastorale du baptême des petits enfants. Orientations diocésaines », op. cit., p. 240.

[15] Cf. ibid., p. 242.

[16] Cf. c. 867, § 2.